vendredi 12 janvier 2007

ALGERIE








Algérie
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الجمهورية الجزائريةالديمقراطية الشعبيةRépublique algérienne démocratique et populaireAlgérie (fr)
(Détails)
(Détails)
Devise nationale : La révolution par le peuple et pour le peuple

Langues officielles
Arabe littéral 1
Capitale
Alger
Plus grande ville
Alger
Gouvernement - Président - Premier ministre
RépubliqueAbdelaziz BouteflikaAbdelaziz Belkhadem
Superficie - Totale - Eau (%)
Classé 11e2 381 741 km²Négligeable
Population - Totale (2006) - Densité
Classé 35e32 930 000 hab.13,5 hab./km²
Indépendance - Date
De la France5 juillet 1962
Gentilé
Algérien, Algérienne
Monnaie
Dinar algérien (DZD)
Fuseau horaire
UTC +1
Hymne national
Kassaman
Domaine internet
.dz
Indicatiftéléphonique
+ 213
1 Le berbère est également reconnu comme langue nationale du pays. (voir le chapitre Langue)
L'Algérie est un pays d’Afrique du Nord appartenant au Maghreb. Sa capitale Alger est située à l’extrême nord du pays. Deuxième pays d’Afrique par sa superficie, l’Algérie est bordée au nord par la mer Méditerranée, elle partage également des frontières terrestres avec la Tunisie au nord-est, la Libye à l’est, le Niger au sud-est, le Sahara occidental, la Mauritanie, le Mali au sud-ouest, et enfin le Maroc à l’ouest.
L’Algérie est membre de l’Union africaine et de la Ligue arabe depuis pratiquement son indépendance, elle a aussi contribué en 1988 à la création de l’Union du Maghreb arabe (UMA).
Constitutionnellement, l’Algérie se définit en tant que pays arabe, berbère (amazigh) et musulman.
Sommaire[masquer]
1 Étymologie
2 Géographie
2.1 Climat
2.2 Régions
2.3 Quelques villes
3 Démographie
4 Histoire
4.1 Préhistoire
4.2 Antiquité
4.3 L’islamisation de l’Algérie
4.4 La conquête de l’Algérie
4.5 Période coloniale
4.6 Déclenchement de la Révolution algérienne
4.7 Après l’indépendance
5 Politique
5.1 Politique intérieure
5.2 Politique extérieure
6 Forces militaires
7 Économie
8 Fêtes et jours fériés
8.1 Religions
8.2 Langue
8.3 Littérature
8.4 Musique
9 Bibliographie
10 Notes
11 Voir aussi
11.1 Liens internes
11.2 Liens externes
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Étymologie [modifier]
Le nom Algérie viendrait de l’arabe Al-Jaza’ir (الجزائر) « Les Îles », qui se dressent face au port d’Alger et qui font partie de sa jetée actuelle, ayant été étendu par la suite pour désigner tout le pays (ordonnance de 1842), prononcé en arabe algérien El Djazayer (ou Jaza’yer selon les régions).Une seconde explication voudrait que le nom Djazaîr soit rattaché à la dynastie des Zirides, du nom de son fondateur Bologhine ibn Ziri (de tiziri, « clair de lune » en berbère) qui a fondé Alger et régné un temps sur une bonne partie de l’Algérie actuelle. Les Algérois se désignant eux-mêmes sous le vocable de Dziri, par ailleurs les Algériens désignent leur pays sous le nom de El-Dzayer.Une troisième explication serait plus allégorique : la côte fertile de l’Algérie, coincée entre le vaste Sahara et la Méditerranée, apparaîtrait comme une île de vie, Al-Jaza’ir.

Géographie [modifier]
Voir l’article Géographie de l'Algérie.
L’Algérie est, par sa superficie, le plus grand pays du pourtour méditerranéen et le second au niveau africain, après le Soudan. Dans sa partie sud, il comprend une part notable du Sahara.
La partie nord du pays est sillonnée par des chaînes de montagnes qui prolongent l’Atlas, parmi ces massifs figurent d’ouest en est l’Ouarsenis, le Chenoua, le Djurdjura, les Babors et les Bibans, le Hodna et les Aurès.

Carte de l’Algérie
Dans la partie saharienne de l’Algérie, on peut noter des villes comme Tamanrasset, Ghardaia, Illizi ou Djanet. Le voyageur peut s’y rendre en avion ou en véhicule tout terrain et visiter le Hoggar, le Tassili du Hoggar, le Tassili des Ajjer et y rencontrer des nomades touaregs, le Mzab.
Capitale : Alger
Superficie : 2 381 741 km2
Extrémités d’altitude : −40 m < +3 003 m Littoral :1 200 km Longueur des frontières terrestres : 6 427 km
Liste des frontières terrestres :
1 643 km avec le Maroc
1 376 km avec le Mali
982 km avec la Libye
965 km avec la Tunisie
956 km avec le Niger
463 km avec la Mauritanie
42 km avec le Sahara Occidental

Climat [modifier]

Climat méditerranéen en Algérie
Un climat méditerranéen couvre le Nord, tandis qu’un climat désertique règne sur le Sud. Durant l’été, les mois les plus chauds sont juillet et août.
Au Nord, sur les villes côtières, les températures hivernales varient entre 8 et 15°C. Elles grimpent à 25°C au mois de mai pour atteindre une moyenne de 28°C à 30°C en juillet et août (28°C à Skikdaa, 29,5°C à Alger).
Au centre, dans les montagnes de Kabylie et des Aurès ainsi que dans les hauts plateaux de la région de Djelfa, la température avoisine les 5°C voire −7°C en hiver. La neige y est fréquente en hiver. La température estivale varie de 30°C à 38°C (Constantine 36°C).
Quant au Sud, dans le Sahara, la température est de 15 à 28°C en hiver, pour atteindre 40 à 45°C, voire plus en été.

Régions [modifier]

Alger capitale de l’Algérie

Kabylie montagnes enneigées

Tassili Hoggar reliefs
Les quarante-huit wilayas d’Algérie sont recensées dans le tableau en bas de page.

Quelques villes [modifier]
Voir l’article Villes d'Algérie.
Adrar
Ain Beida
Ain Defla
Ain Temouchent
Ain Salah
Ain Sefra
Alger
Annaba
Barika
Batna
Bechar
Béni-Abbés
Béni Saf
Béjaïa
Biskra
Blida
Bordj Bou Arreridj
Bouira
Boumerdès
Bou-Saâda
Chlef
Chelghoum Laid
Constantine
Djelfa
El Bayadh
El-Khroub
El Malah
El Milia
El Oued
El Tarf
Ghardaia
Ghazaouet
Guelma
Illizi
Jijel
Khenchela
Laghouat
Maghnia
Mascara
Médéa
Mila
Miliana
Mostaganem
Méchria
M’Sila
Naama
Nedroma
Oran
Skikda
Ouargla
Oum el Bouaghi
Relizane
Saïda
Setif
Sidi Bel Abbes
Skikda
Souk-Ahras
Tamanghasset
Tebessa
Ténès
Tiaret
Timimoun
Tindouf
Tipaza
Tissemsilt
Tizi-Ouzou
Tlemcen
Touggourt
Voir aussi : Codes postaux des villes d’Algérie.

Démographie [modifier]
Voir l’article Démographie de l'Algérie.
Les Algériens sont principalement de souches berbère (amazigh), et arabe[1]. Les musulmans orientaux ont converti l’ensemble du Maghreb à l’islam au VIIe siècle et y ont établi leur religion et la langue arabe, langue liturgique. L’apport démographique arabe n’a cependant été significatif en Algérie qu’à partir du XIe siècle, notamment par l’arrivée de tribus d’Hilaliens, estimées à quelques dizaines de milliers[2] et environ 250 000 sur l’ensemble de l’Ifriqiya[3]. D’après cette estimation et Le CIA World Factbook[4], la souche berbère est majoritaire. Les « invasions hilaliennes » furent donc un facteur, principalement important, dans l’arabisation linguistique de la Berbérie. Parmi les régions restées berbérophones, les Kabyles et les Chaouis sont les plus nombreux. L’islam est la religion dominante en Algérie.
Environ 90 % des Algériens vivent dans le Nord, près de la côte et environ 1,5 million de nomades vivent dans le Sud, dans le désert.

Évolution de la démographie entre 1961 et 2003 (chiffres de la FAO, 2005). Population en milliers d’habitants.
Population : 32 930 000 habitants. 0 - 14 ans: 28,1 % ; 15 - 64 ans : 67,1 % ; + 65 ans : 4,8 % (estimation juillet 2006)
Densité : 13 hab./km2
Espérance de vie : 73,3 ans (est. 2006), 76,1 ans (selon un rapport, du ministère algérien de la Santé, de septembre 2006)
Espérance de vie des hommes : 71,7 ans (est. 2006)
Espérance de vie des femmes : 74,9 ans (est. 2006)
Taux de croissance de la pop. : 1,22 % (est. 2006), 1,71 % (en 2001)
Taux de natalité : 17,14 ‰ (est. 2006)
Taux de mortalité : 4,61 ‰ (est. 2006), 0,61 ‰ (en 2004)
Taux de mortalité infantile : 29,87 ‰ (en 2004)
Taux de fécondité : 1,89 enfants/femme (est. 2006), 2,7 (en 2001)
Taux de migration : 0,35 ‰ (est. 2006) - 0,37 ‰ (en 2004)
Source: CIA World Factbook 2006[4] et Banque Mondiale[5].
Indice de développement humain (IDH)[6] : 102e sur 177 en 2006
Évolution de l’IDH sur 25 ans
Année
1975
1980
1985
1990
1995
2000
2003
2006
IDH
0,506
0,558
0,610
0,649
0,671
0,721
0,722
0,728
Indicateur de pauvreté humaine (IPH-1) : 48e sur 103 pays en développement (IPH-1 de 21,3 %)

Histoire [modifier]
Voir les articles Histoire de l'Algérie et Guerre d'Algérie.

Gravure rupestre du Tassili datée de 4 000 ans av. J.-C.
L’Afrique, le bassin de la Méditerranée, l’Europe ainsi que l’Orient furent des éléments incontournables qui enrichirent grandement le cheminement historique de l’Algérie. À l’extrême Sud, on peut noter aussi l’existence du plus grand musée naturel au monde. Autant de preuves qui attestent de l’extraordinaire richesse de son histoire.

Préhistoire [modifier]
Des sites archéologiques révélèrent des ossements d’hominidés dont les dates obtenues par archéomagnétisme remontent jusqu’à 2 millions d’années. Les chercheurs y ont vu la présence de l’Homo Habilis et de l’Atlanthrope.

Antiquité [modifier]

Représentation du roi berbère Massinissa, fondateur du royaume de Numidie (vers 201 av. J.-C.)
L’Antiquité de l’Algérie est marquée par les Berbères gétules. Ils établirent des liens commerciaux et politiques avec Carthage et l’Égypte. La fondation XXIIe dynastie égyptienne par le chef gétule Sheshonq à la tête d’une coalition, marquerait le départ du calendrier berbère. Remarquables cavaliers, devenus par la suite des mercenaires.
L’histoire de la Numidie commence avec l’émergence des tribus massyles et massaessyles. Les premiers sont à l’origine de la Numidie orientale et les seconds de l’Occidentale. Massinissa finira, dans le contexte de la seconde guerre punique à unifier la Numidie. L’empire romain, avec l’aide des mercenaires gétules, colonisera la Numidie.

Théâtre de l’époque romaine à Tipaza
L’Algérie est par ailleurs le pays méditerranéen qui renferme le plus grand nombre de vestiges de l’époque romaine. Les plus connus sont ceux de Timgad et Tipaza, cette dernière offre à titre d’exemple l’une des plus grandes superficies de nécropoles antiques connues autour de la Méditerranée.

L’islamisation de l’Algérie [modifier]
La chute de Rome, puis des Vandales, et l’instabilité durant la période byzantine entraînent la reconstitution de plusieurs principautés berbères. Certaines, notamment dans les Aurès, vont résister à l’arrivée des musulmans entre 670 et 702.
Les figures les plus connues de ce conflit furent le roi chrétien Koceila, qui vainquit Oqba Ibn Nafaa en 689, près de Biskra, puis la reine guerrière Kahena (de son vrai nom Dihya), qui à la tête des Berbères (Djerawa de l’Aurès et Nefoussa de Tripolitaine) ainsi que des Roums de la côte, infligea, en 693, à la bataille de la Meskiana, une sévère défaite au corps expéditionnaire arabe de l’émir Hassan Ibn en Noman, qu’elle repoussa jusqu’en Tripolitaine.

Tarik Ibn Ziad, Grand chef berbère, se convertit à l’Islam et part aussitôt à la conquête de l’Espagne au VIIe siècle apr. J.-C.
Après la conquête musulmane, les citadins adoptèrent l’islam (pour se protéger contre les attaques des nomades) et progressivement la langue arabe. Berbère, phénicien, romain, arabe, espagnol, turc, français : le brassage des langues, le « métissage linguistique », est intense, donnant lieu à un arabe algérien (et maghrébin en général) qui s’est perpétué jusqu’à nos jours.
La première partie de la conquête musulmane de l’Espagne fut menée par un contingent berbère presque entièrement composé de récents convertis, à commencer par son chef Tariq ibn Ziyad, qui donna son nom à la colline de Gibraltar (جبل طارق, « Djebel Tariq »). Après le succès de Tarik, le calife le fit enchaîner. Il mourut en route.
Au Xe siècle, le dai ismaélien Ubayd Allah al-Mahdi fonda la dynastie Fatimide, en Basse Kabylie où il trouva un écho favorable à ses prêches millénaristes. Les Fatimides établirent leur autorité en Afrique du Nord entre 909 et 1171 et fondèrent un califat dissident des Abbassides de Bagdad.Leur règne est marqué par de nombreuses révoltes Kharijites, notamment celle d’Abu Yazid, en 944, à la tête de tribus berbères Zénètes, qui infligea la plus sévère défaite à l’armée Fatimide, affaiblie et rendue vulnérable, en prenant Kairouan. La révolte fut vaincue par Ziri ibn Manad, à la tête de tribus Sanhadjas, qui en sauvant l’empire reçue le poste de gouverneur du Maghreb central.Ainsi en 972, lorsque les Fatimides, après l’annexion égyptienne, eurent moins d’intérêts pour le Maghreb, c’est son fils, Bologhine ibn Ziri, qui hérita du contrôle de l’Ifriqiya. Les Zirides y règneront pendant environ deux siècles.Hammad Ibn Bologhine, le fils de Bologhine, gouvernera indépendamment des Zirides, sur le nord de l’actuelle Algérie, à partir de 1014 en reconnaissant, comme califes légitimes, les Abbassides sunnites de Bagdad, fondant ainsi la dynastie des Hammadides. Les Zirides reconnaîtront, à leur tour, en 1046, les califes Abbassides, montrant ouvertement aux Fatimides leur abandon du chiisme.
C’est à partir de 1048, dans certaines régions du Sud, au temps d’Ibn Khaldoun, que des tribus arabes, principalement les Banû Hilâl et les Banu Sulaym, immigrent en Afrique du nord. Ces « terribles bédouins » hilaliens furent envoyés par le pouvoir Fatimides afin de réprimer les Zirides et les Hammadides. Par vagues successives, ils menaient des incursions dans les grandes villes, pillant puis détruisant tout sur leur passage. Pour l’Algérie, leur nombre ne dépassant pas quelques dizaines de milliers de personnes, ils étaient cependant parfois alliés avec certaines tribus locales des Zénètes. Ces deux royaumes, alors prospères, seront grandement affaiblies par ces incursions. Les Zirides transfèreront alors leur capitale de Kairouan à Mahdia, les Hammadides, d’Al-Quala (La Kalâa de Béni Hammad, aujourd’hui reconnue patrimoine mondial par l’UNESCO) à Béjaïa.L’Algérie est alors, sur une petite partie à l’Ouest, sous le contrôle des Almoravides, des Hammadides au centre, et des Zirides à l’Est. Quand en 1152, ils sont définitivement vaincues par les Almohades, dirigés par Abdelmoumen Ibn Ali et dont le chef spirituel est Muhammad ibn Tumart. Les Almohades formeront un des plus puissant empire méditerranéen, unifiant le Maghreb et la pays d’Al-Andalus jusqu’en 1269.
Quant à l’immigration arabe en Afrique du Nord, elle fut peu importante, sauf dans deux régions extérieures à l’Algérie, celle de Kairouan et celle de Tanger. Si bien qu’au total le peuplement de l’Algérie n’a reçu qu’une contribution démographique arabe limitée, et qu’une grande partie des populations arabophones est berbère[4].

La conquête de l’Algérie [modifier]

Bombardement d’Alger en 1818
Contrairement au Maroc et à la Tunisie, la conquête de l’Algérie fut longue et particulièrement violente puisqu’elle s’est traduite par la disparition de près du tiers de la population algérienne. L’armée française l’a soumise village après village, alors qu’il a suffi de signer quelques accords pour imposer un protectorat au Maroc et à la Tunisie mais il faut préciser que ce qui caractérise la colonisation de l’Algérie et tient lieu de particularité est qu’il s’agit d’une colonie de peuplement.
En 1794, lorsque la France révolutionnaire était attaquée par les puissances européennes coalisées, et éprouvait des difficultés à nourrir sa population et ses soldats, le dey d’Alger Hussein offrit à la Convention toutes facilités pour faire ses achats de blé, consentant aussi par la suite sous le directoire un prêt d’argent sans intérêts. La guerre terminée, les régimes qui se succèdent n’honorent pas la dette, et quand la France redevient royaliste la dette est revue à la baisse et payée mais à Paris à la caisse des dépôts et consignations; un nombre important de créanciers vrais ou supposés, des commerçants livournais qui avaient servi d’intermédiaires se manifestent alors. Ainsi, sous couvert de satisfaire leurs réclamations, on avait « rendu légale sa spoliation »[7]. Le dey est donc en froid avec le consul de France car il comprend qu’il ne récupérera pas son argent, et que les livraisons de blé ne lui seront jamais payées.
En 1827, le dey d’Alger découvre que la France avait fortifié à l’extrémité est de la Régence à La Calle un entrepôt dont elle avait la concession pour faire du commerce, et qu’elle avait promis de ne pas fortifier. [7]. N’obtenant pas d’explications de la part du gouvernement français, le 30 avril 1827 le dey en demanda verbalement au consul de France. Le consul ignorant ouvertement sa demande, prit donc de haut le dey qui s’emporta alors, injuria, et finalement donna au « représentant de la France » un coup de son chasse-mouche. Si l’on s’en réfère à Robert Louzon, c’est donc bien l’affaire des fortifications de La Calle et non simplement la dette restée impayée qui était à l’origine de l’énervement du dey d’Alger[8][9]. Le gouvernement de la restauration et Charles X, soucieux de redorer l’image de la France à l’étranger et de renforcer l’autorité royale en France, trouvèrent alors dans cet incident (un outrage à la France par le biais de son « représentant », le consul) un prétexte pour intervenir militairement[10].
Entre le 11 et le 18 mai 1830, quelque 37 000 hommes répartis dans 675 bâtiments affrétés par l’entreprise Seillière, c’est-à-dire toute la marine française de l’époque, embarquèrent pour conquérir la bande côtière de l’ancienne régence, par la suite unifiée sous le nom d’Algérie. Le débarquement eut lieu le 14 juin 1830 à Sidi-Ferruch et, le 5 juillet, les troupes françaises du général Louis Auguste Victor de Ghaisne de Bourmont firent leur entrée dans la forteresse d’Alger, le dey capitula le jour même.

L’Émir Abd el-Kader, Grand chef de la résistance algérienne.
Mais la France se heurte à l’ouest à l’émir Abd el-Kader et à l’est aux tribus berbères dont celles de Kabylie menées par Lalla Fatma N’Soumer. La France entame des négociations avec l’émir Abd el-Kader en 1834 et en 1837, date à laquelle est signé le « traité de Tafna ». Mais en 1839, Abd el-Kader déclare la guerre à la France considérant l’expédition aux "Portes de fer" (dans la chaîne des Bibans en Kabylie) par l’armée française comme une violation de traité. En mai 1843, la smala et le fameux trésor d’Abd el-Kader sont aux mains des français.

Lalla Fatma N’Soumer, figure de la résistance à l’armée coloniale française.
Le 15 mars 1843, le lieutenant-colonel de Montagnac écrivit dans une lettre à un ami, que « toutes les populations qui n’acceptent pas nos conditions doivent être rasées. Tout doit être pris, saccagé, sans distinction d’âge ni de sexe : l’herbe ne doit plus pousser où l’armée française a mis le pied. Qui veut la fin veut les moyens, quoiqu’en disent nos philanthropes. Tous les bons militaires que j’ai l’honneur de commander sont prévenus par moi-même que s’il leur arrive de m’amener un Arabe vivant, ils recevront une volée de coups de plat de sabre. […] Voilà, mon brave ami, comment il faut faire la guerre aux Arabes : tuer tous les hommes jusqu’à l’âge de quinze ans, prendre toutes les femmes et les enfants, (...) En un mot, anéantir tout ce qui ne rampera pas à nos pieds comme des chiens. »[11].
En 1847, Abd el-Kader déposa les armes et se rendit, l’armée française d’Afrique contrôle alors tout le nord-ouest de l’Algérie. À l’issue de la bataille de Zaatcha, dans les Aurès, en 1848, le Constantinois est conquis. Entre 1849 et 1852, la domination s’étend à la Petite Kabylie. En juillet 1857, les tribus de Grande Kabylie se rendent, Lalla Fatma N’Soumer est capturée met un terme à la résistance mais les kabyles se soulèveront encore jusqu’au début des années 1870. La conquête du nord de l’Algérie est alors achevée. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, la conquête ne s’est pas faite du nord au sud, puisque les montagnes ont encore une fois été le dernier refuge de l’indépendance. Dans le sud, la prise de Laghouat et de Touggourt, la soumission des Beni-M’zab du Mzab (1852) et celle du Souf, reculent les limites de l’Algérie jusqu’au grand désert.
Ce n’est qu’après un ultime soulèvement, en 1870, par des tribus de Kabylie, lors de la révolte dite « des Mokranis », que la mission de « pacification » s’achève. Elle a fait près d’un million de morts, civils la plupart du temps, la perte démographique se concentrant en particulier sur les six dernières années de la conquête comme le fait remarquer le démographe R. Ricoux[12].

Période coloniale [modifier]
Indigénat et citoyenneté
La France a fait venir des colons pour exploiter les terres et les autochtones afin de lancer la machine économique de l’empire français et d’envoyer outre méditerrannée des éléments sociaux potentiellement dangereux pour l’ordre social (Source: Coloniser Exterminer, Olivier Le Cour Grandmaison, éd. Fayard ; Vive la nation!, Yves Lacoste ; Histoire de L’Algérie coloniale, Benjamin Stora, éd. La découverte, etc.). Les indigènes de culture musulmane ou issus de cette culture étaient sous le régime de l’indigénat et pouvaient en théorie accéder à la citoyenneté française en renonçant à leurs traditions. Patrick Weil, directeur de recherches au CNRS, note toutefois que le musulman algérien, originaire d’un département français, était juridiquement inférieur à un étranger dans la mesure où il était soumis à une procédure beaucoup plus complexe pour obtenir le statut de citoyen français[13]. Souvent répartis dans des zones pauvres, nombreux sont ceux qui sont devenus ouvriers agricoles dans de grandes exploitations créées par les colons dans des zones gagnées sur les marécages autour de la région de Bône ou dans l’algérois et en Oranie. En marge de la société, ils avaient rarement accès à l’enseignement. Leur culture et leurs langues étaient opprimées, les écoles indigènes ont été supprimées au profit d’écoles françaises en nombre très insuffisant. En 1929, 6 % seulement des enfants « indigènes » allaient à l’école primaire.

Débarquement américain près d’Alger, 1942
Les colons et certains immigrés français purent dominer la société algérienne et imposer leur langue qui devint quasi exclusive dans l’administration, l’enseignement et l’affichage. Selon Yves Lacoste, « en Algérie ont été soigneusement oubliés non seulement les principes de laïcité de la IIIe République, mais surtout les lois sur l’instruction primaire obligatoire qui, dans l’intérêt même de la colonisation, auraient été des plus utiles pour essayer de franciser la population « indigène ». L’application de ces lois se heurta non pas au refus des musulmans, mais à celui des « pieds-noirs », les citoyens français d’Algérie (venus pour une grande part d’Espagne et d’Italie) qui, jusqu’aux années 1950 et en fait jusqu’à la guerre d’Algérie, s’opposèrent par tous les moyens à l’ouverture d’écoles pour les « Arabes ». Le but d’une telle obstruction, proclamé sans vergogne dans la presse, était que les musulmans n’apprennent pas le français, qu’ils ne puissent pas lire de livres qui leur donneraient des idées subversives, et aussi qu’ils ne puissent pas prétendre à des fonctions que les Français entendaient se réserver." (Source: Vive la nation !, Yves Lacoste) En 1930, le gouvernement colonial célébra avec faste le Centenaire de l’Algérie française. Bien qu’ils disposaient d’écoles, et de services publics efficaces, la majorité des pieds-noirs vivaient en dessous du seuil de pauvreté comparé à la métropole réf. nécessaire mais leur niveau de vie n’était en aucun cas comparable à celui des Algériens d’origine ou de culture musulmane qui ont souvent pu être comparés à des esclaves tant il est vrai qu’ils étaient pratiquement dépourvus de toutes garanties sociales ou juridiques et constituaient une population presque sans droits. Les riches européens n’étaient cependant qu’une très faible minorité.
Massacre de Sétif
Voir l’article Massacre de Sétif.

Soldats de l'armée coloniale française sur le point d'exécuter un paysan algérien, 1945
Le 8 mai 1945 ont lieu des manifestations d’Algériens dans plusieurs villes de l’Est du pays (le Constantinois) de manière concomitante avec la liesse de la victoire. Ces manifestations devaient permettre aux manifestants de réclamer l’indépendance de l’Algérie. À Sétif, les emblèmes de l’indépendance et les pancartes sont arborés car la promesse avait été faite que la victoire contre le nazisme coïnciderait avec l’émancipation de la nation algérienne du joug colonial. La manifestation se voulait non-violente et visait avant tout à revendiquer moins de misère et davantage de démocratie, mais lorsque les forces de l’ordre tirèrent mortellement sur des manifestants qui arboraient des symboles anti-colonialistes et tentèrent de dépouiller les manifestants de leurs drapeaux, la manifestation a tourné à l’émeute : 27 européens sont assassinés (103 trouveront la mort dans les jours suivants). La répression de l’armée française, conduite par des troupes hétéroclites privées des meilleurs éléments de l’armée réf. nécessaire (mobilisés alors en France et en Allemagne) est d’une extrême brutalité : officiellement, elle fait 1500 morts parmi les musulmans. Chiffre sous-estimé et probablement plus proche des 20 000 à 30 000 selon l’historien Benjamin Stora. Les historiens algériens annoncent pour leur part un total de 45 000 morts.

Déclenchement de la Révolution algérienne [modifier]
Voir l’article guerre d'Algérie.

Rassemblement de troupes (ALN)
En 1954, l’Algérie compte huit millions de musulmans et un million d’Européens. À partir de 1954, le combat armé pour l’indépendance de l’Algérie se traduit par des exactions contre les populations civiles d’origine musulmane et européenne ainsi que par une guérilla, des maquis et des affrontements avec l’armée française, qui comprend également des unités de supplétifs musulmans appelés « Harkis ». Le FLN organise son combat sur deux fronts. Sur le plan interne il organise une résistance à travers sa branche armée l’ALN, tandis que sur le front diplomatique, il organise ses activités sous la bannière du GPRA, qui orchestre une campagne tous azimuts en vue de plaider la cause algérienne, il réussit en 1958 à introduire pour la première fois dans l’agenda des Nations unies la question algérienne, ce qui représenta un franc succès pour la diplomatie algérienne. Ce conflit fut inscrit dans le cadre du processus de décolonisation qui se déroule après la fin de la Seconde Guerre mondiale. Pour la France, cela concerne entre autres l’Algérie, l’Indochine, Madagascar, le Maroc, la Tunisie, l’Afrique équatoriale française et l’Afrique occidentale française. Le cas de l’Algérie se différencie des autres en ce sens qu’elle appartenait officiellement au territoire français, avec un million de citoyens (les « Pieds-Noirs ») qui y vivent, souvent depuis plusieurs générations.
Le bilan de la guerre d’Algérie fait état de 25 000 tués chez les soldats français et 2 000 morts de la légion étrangère, un millier de disparus, et 1 300 soldats morts des suites de leurs blessures. Environ 450 000 Algériens sont morts durant le conflit (les Algériens avancent le chiffre de 1,5 million de morts), mais c’est sans compter les 8 000 villages incendiés, un million d’hectares de forêts incendiés et 2,1 millions de musulmans déportés dans des camps de regroupement.

Population en liesse après la proclamation officielle de l’indépendance (5 juillet 1962)

Après l’indépendance [modifier]
L’Algérie est donc devenue indépendante à l’issue d’une guerre longue et coûteuse (guerre d’Algérie) contre la présence coloniale. Une présence qui dura 132 ans, et qui prit fin officiellement le 5 juillet 1962. Cette indépendance a été acquise politiquement à la faveur du référendum d’autodétermination prévu par les accords d’Évian, et par le biais duquel les Algériens se prononcèrent massivement pour l’indépendance de l’Algérie. Les revendications culturelles ont donné naissance à une phrase culte : Tahia el Djazaïr, vive l’Algérie.
Après plusieurs années de gestion autocratique des

LE CORAN


Le Coran (arabe : القرآن al qurān, lecture) est le livre le plus sacré dans la religion musulmane. C'est aussi le premier livre à avoir été écrit en arabe, langue qu'il a contribué à fixer. Les autres livres sacrés dans l'islam sont les Évangiles, les Psaumes, la Torah et les Feuillets d'Abraham. Le Coran regroupe les paroles divines qui, selon la tradition musulmane, ont été transmises au prophète Mahomet (محمد, Muhammad) fragmentairement par l'archange Gabriel par voie orale durant une période de vingt-trois ans. Il est parfois également appelé kitâb (livre) ou dhikr (rappel). Les musulmans le considèrent comme la parole incréée de Dieu (Allah) adressée à l'intention de toute l'Humanité : l'islam, de même que le christianisme, a une vocation universelle. « Le Coran est la parole de Dieu révélée à Son prophète et transcrite sur les pages du Livre » écrit ainsi Ibn Khaldoun [1]. Ainsi, selon la tradition léguée par Ibn Khaldoun, le livre du Coran est considéré comme étant la copie d'un livre divin, incréé, aussi appelé « livre caché » ou « mère du livre » (أَمّ الكِتَاب‏ [umm al-kitāb]).
La transcription du Coran [modifier]

Premier Sourate du Coran
Selon la tradition musulmane, le Coran a été révélé au prophète Mahomet par l'intermédiaire de l'Archange Gabriel (arabe : جبريل [jibrīl]). Pour les musulmans, le Coran est un livre Saint qui n'a pas subi d'altération après sa révélation, car Dieu a promis que ce livre durerait jusqu'à la fin des temps. En fait, la conservation et la transmission du texte tel qu'on le connaît aujourd'hui feront l'objet de l'attention des premiers califes .

La révélation [modifier]
Selon la tradition musulmane, la révélation aurait commencé dans la Grotte de Hira où le Prophète avait pour coutume de se retirer, vraisemblablement dans un but de méditation. L'ange Jibrïl serait apparu, et lui aurait communiqué les premiers versets du Coran : « Lis ! (ou proclame !) Au nom de ton Seigneur » (sourate 96, verset 1). Sa réponse aurait été par trois fois « Je ne sais pas lire », car Mahomet était illettré.
Il semble qu'au tout début de la révélation, le Coran ait été d'abord mémorisé. La tradition parle même de certains compagnons du Prophète venant l'interroger sur la manière de réciter tel ou tel chapitre[2]. Par la suite, Mahomet aurait dicté les sourates, après chaque révélation, à plusieurs scribes qui les auraient transcrits sur des supports divers (morceaux de cuirs, tessons de poterie, nervures de palmes, omoplates..), fragments qui se seraient alors dispersés auprès de différents compagnons (rapporté par Al-Bukhari).
D'après Jalâl Ad-Dîn As-Suyûtî[3], Mahomet dictait à ses scribes non seulement le texte révélé mais aussi la sourate où il fallait l'insérer. La classification des versets les uns par rapport aux autres ne se faisait pas selon l'ordre chronologique de leur révélation, mais suivant un ordre psalmodique, qui aurait suivi les indications du Prophète.
Dès lors, et durant 23 ans[4], la révélation aurait continué, au fil des années et des événements, en une diversité d'endroits. Celle-ci se serait achevée quelques années avant la mort de Mahomet [5]. La tradition rapporte que, la dernière année de sa vie, le prophète aurait récité deux fois le Coran dans son intégralité au cours du mois de ramadan, une pratique suivie par les musulmans pratiquants jusqu'à aujourd'hui.
Si selon la tradition, le Prophète avait indiqué, au sein de l'ensemble du texte coranique déjà révélé, la place où devait être insérée chaque nouvelle révélation, s'il avait encouragé ses Compagnons à mémoriser le texte coranique (certains le connaissaient intégralement[6]) et s'il avait veillé à ce que chaque fragment révélé soit également couché sur un support matériel, il n'aurait pourtant pas fait préparer une copie rassemblant tout le texte coranique. D'après la tradition, cela s'expliquerait par le fait que la révélation se serait poursuivie jusqu'à la fin de la vie du Prophète et que jusqu'au dernier moment de nouveaux versets auraient pu être révélés. Ceux-ci auraient donc du être insérés au milieu du texte coranique déjà présent. Il faut noter toutefois que le dernier verset dans l'ordre chronologique annonce la fin de la révélation (5:3). Le Coran est alors déclaré « terminé ». Pourtant, aucun ordre de mise par écrit de l'intégralité du Coran n'aurait émané de Mahomet.

Compilation du texte coranique sous Abû Bakr, le premier calife [modifier]
Le recensement de l'intégralité du texte coranique se fait dans les deux ans qui suivent la mort de Mahomet, sous le premier calife Abû Bakr (632 - 634). Celui-ci, conseillé par `Umar qu'effraie la mort de nombreux compagnons connaissant par cœur l'intégralité du texte, charge Zayd ibn Thâbit (qui avait été scribe du Prophète) de rassembler les divers supports écrits et de préparer une copie du texte coranique intégral.
Le texte est rédigé dans sa totalité sur des feuillets (sahifa), qui sont confiés à la garde de Abû Bakr. Après la mort de ce dernier, le deuxième calife, Umar (634 - 644) les reçoit. Après sa mort, ils sont confiés à sa fille Hafsa, veuve du Prophète. (Tous ces éléments sont rapportés par Al-Bukhârî, no 4 701. Voir également Fath ul-bârî tome 9 pp. 19 - 20, et Al-Itqân, pp. 184 - 185.) C'est donc à ce moment, dans les deux ans qui suivent la mort du Prophète (et non vingt ans après), sous le califat de Abû Bakr, que le texte coranique est rassemblé dans son intégralité dans une même copie (il s'agit de l'ensemble des feuillets).
A la mort de `Uthman, le gouverneur de Médine, Marwân ben al-Hakam, demanda à Hafsa cette copie originelle du Coran. Celle-ci refusant de s'en dessaisir, il attendit sa mort pour la récupérer, et la fit détruire.

Universalisation des copies sous `Uthmân, troisième calife [modifier]
Sous le califat de `Uthman, troisième calife (644 - 656), le territoire musulman s'est considérablement agrandi et de nouveaux problèmes surgissent : quatre types de divergences apparaissent à propos du texte du Coran. Le calife Uthman décide alors d'officialiser un type unique d'écriture du texte coranique et d'établir une classification unique des sourates les unes par rapport aux autres. C'est à cette fin qu'il charge une commission de préparer plusieurs copies (mus'haf) du Coran. Et cela se passait en l'an 25 de l'hégire, soit quinze ans après la mort du Prophète. Ces copies préparées, `Uthman les fait envoyer en différents points importants du territoire musulman. Tous ces éléments sont rapportés par Al-Bukhârî, no 4 702. Les copies du Coran écrites de nos jours suivraient toujours mot pour mot et lettre pour lettre cette écriture des copies d'Uthman, écriture nommée « ar-rasm al-uthmanî ». Quelques-unes de ces copies existeraient encore aujourd'hui, l'une se trouverait à Istanbul (Turquie), l'autre à Tachkent (Ouzbékistan).
Après avoir envoyé ces copies dans chaque région, `Uthman fit détruire toutes les copies précédentes, dont celle d'Ali, gendre de Mahomet, celle d'Ubai b. Ka'b ainsi que celle d'Ibn Mas`ud. Bien que ce dernier ait refusé de détruire sa copie de son vivant, elle fut brûlée par la suite.

Le Coran, un texte sacré [modifier]
Selon la religion musulmane, le Coran, parole de Dieu, est, par dogme, incréé, éternel et inimitable. Il est au cœur de la pratique religieuse de chaque croyant.

Le Coran est incréé [modifier]
L'ange Gabriel (Jibraïl) aurait eu pour mission de faire descendre le contenu du Coran céleste et de la transmettre au prophète.
« Ceci est, au contraire, un Coran glorieux écrit sur une table gardée ! »Le Coran (LXXXV ; 21-22)
« Le Coran est la parole de Dieu révélée à Son prophète et transcrite sur les pages du Livre. »Ibn Khaldoun, Le livre des exemples. Muqaddima VI, X
C'est la tradition sunnite exprimée par Ibn Khaldoun. Elle laisse entendre qu'il y a un original dont le Coran matériel est la transcription partielle, la mère du livre, Oum El Kittab, évoquée dans le Coran.
Du point de vue ésotérique, le Coran matériel ne serait que la représentation physique, une sorte de réplique, d'un Coran supérieur, occulté aux yeux du profane, un Coran enregistré sur une Table gardée (اللَوْح المَحْفوظ [al-lawḥ al-maḥfūẓ], « la tablette préservée ») (Le Coran LXXXV; 21-22), un livre caché (كِتَاب مَّكْنُون [kitāb mmaknūn], « livre caché ») (Le Coran LVI ; 78) et que les Coran décrit comme « la Mère du Livre » (« mère » doit être pris dans le sens « qui contient », tournure souvent rencontré en arabe)(أَمّ الكِتَاب‏ [umm al-kitāb], « mère du livre ») (Le Coran III ; 7).
« Ha, Mim.« Par le Livre clair !« Oui, nous en avons fait un Coran arabe !« – Peut-être comprendrez-vous –« Il existe auprès de nous, sublime et sage, dans la Mère du Livre. »Le Coran (XLIII ; 1-4)
Une querelle théologique a éclaté au IXe siècle entre le mouvement motazilite qui était un ardent défenseur de l'unicité divine et qui donc prêchait le dogme de la création du Coran (Coran créé) pour éviter que ne soit associé quoi que ce soit à Allah aussi connu sous le nom de Ahl al 'aql (les gens de la raison) et le mouvement des ahl al naql (les gens de la transmission), qui prêchaient que le Coran est la parole de Dieu (Coran incréé). Le premier courant fut instrumentalisé sous le califat de al Ma'mun contre le second ce qui conduisit notamment à l'emprisonnement de Ahmed ben Hanbal et le second mouvement prit sa revanche sous le califat de son successeur Jafar al-Mutawakkil qui persécuta les partisans du premier mouvement. Ils disparurent peu de temps après.

Le Coran est inimitable [modifier]
Dans la religion musulmane, le Coran est vu comme parfait (car œuvre divine), et donc absolument inimitable. C'est le dogme de l'inimitabilité du Coran.
Il semble que cette idée existait déjà dès le 2e siècle de l'histoire de l'islam [7]. Ce dogme concerne autant le contenu que la forme. Mais son caractère inimitable est aussi précisé dans le verset suivant :
Dis : « Si les hommes et les djinns s'unissaient pour produire quelque chose de semblable à ce Coran, ils ne produiraient rien qui lui ressemble, même s'ils s'aidaient mutuellement. »Le Coran (XVII ; 88)
La tradition rapporte qu'un autre défi aurait également été lancé aux plus éloquents des Arabes de forger dix sourates semblables à celles du Coran. Vers 786, sous le règne du Calife abbasside al-Hâdî, quelques lettrés auraient tenté de relever ce défi. Au bout d'un an, ils n'auraient pas pu produire l'équivalent d'une sourate. C'est ce que "prédisait" les versets suivants :
« Si vous êtes dans le doute au sujet de ce que nous avons révélé à notre serviteur, apportez-nous une sourate semblable à ceci ; appelez vos témoins autres que Dieu, si vous êtes véridiques.« Si vous ne le faites pas — et vous ne le ferez pas — Craignez le feu. »Le Coran (II ; 23-24)
Le caractère inimitable du Coran va permettre de fixer la langue arabe, mais va aussi contribuer à retarder la diffusion du Coran dans d'autres langues. En effet, toute traduction ne serait alors qu'une pâle imitation du texte original et ne pourrait transmettre le message de Dieu dans son intégrité.

Le Coran dans la pratique religieuse [modifier]
Cité et récité dans de nombreux événements et circonstances de la vie (prières quotidiennes, Ramadan, fêtes familiales...), le Coran occupe une place importante dans la vie de tout croyant. Dans les mosquées, il n'est pas récité mais psalmodié. En effet, citant le Coran, toute personne cite une parole venue de Dieu: il n'est plus acteur utilisant sa voix de tous les jours mais instrument de la parole divine. Tel qu'interprété par les oulémas, ou « docteurs de la foi », ce texte sacré est aussi à l'origine du droit musulman. L'exégèse du Coran et les conflits d'interprétations entre les divers courants de l'islam est ainsi à la base des plusieurs types de compréhension possibles de notions-clé telles que la charia (loi de l'islam) ou encore le djihad (on distingue ainsi le « djihad majeur », effort de conversion tourné contre soi-même, du « djihad mineur », effort de conversion tourné contre les autres).

Traductions et impressions du Coran [modifier]

première page du Alcoranus Arabice longtemps introuvable, Venise, 1537

Traduction du Coran [modifier]

Coran en script Mohaqqaq traduit en Persan, XIIIe siècle, Musée national d'Iran.
Le Coran a originellement été écrit en arabe, langue utilisée dans la péninsule arabique au temps du prophète Mahomet. Pour autant, des mots d'origine non arabe y figurent, de même qu'une arabisation de certains termes, désignant notamment des produits d'importation inconnus du monde arabe, ait été réalisée.
Le dogme du caractère inimitable du Coran, transcription écrite de la parole divine, aurait longtemps servi à s'opposer aux traductions. Ainsi, certains courants conservateurs de l'islam prétendent que le Coran ne peut exister qu'en arabe et qu'il ne peut pas et ne devrait pas être traduit. Cette affirmation a souvent été ressentie comme une volonté d'arabisation, plus que d'islamisation, dans les populations non arabophones. Quoi qu'il en soit, la traduction et la traductibilité du Coran (comme d'ailleurs de la Bible — ainsi l'équivoque célèbre sur « la pomme » mangée par Eve; le texte original en araméen désignait le « mal », erronément traduit par pomme car le terme araméen désignait les deux) demeurent des enjeux à la fois linguistiques (peut-on traduire avec fidélité toutes les nuances du texte sacré?) et politiques (arabisation, etc.) L'islam accorde ainsi une importance décisive à la langue (en l'occurrence, l'arabe), comme on le voit par exemple dans la tradition soufiste.
Bien que, la traduction du Coran pose problème, comme toute traduction, pouvant même être rejetée par certains courants conservateurs, « littéralistes », le Coran a très tôt été traduit, au moins partiellement. Ainsi, la première sourate, la Fatiha est traduite du vivant du prophète par Salman le Persan afin d'être récitée lors de la prière par les Perses, en accord avec un hadith qui affirme qu'une prière est invalide sans la récitation de cette sourate (à laquelle est ajouté Amin Amen en fin de récitation). Une traduction complète en persan est établie en 956, tandis que Ja`far ibn Abî Talib, frère d'`Alî, a traduit quelques versets parlant de Jésus et de Marie en langue guèze (éthiopien classique), lorsqu'il était ambassadeur au nom du prophète auprès du souverain chrétien d'Éthiopie, le Négus. Enfin, l'abbé de Cluny Pierre le Vénérable le fait traduire en latin en 1141, lors d'un séjour à Tolède, alors capitale de la péninsule ibérique chrétienne. Célèbre polémiste, Pierre le Vénérable rédigea ensuite des traités réfutant les doctrines israélites et musulmanes. Avec l'aide des travaux de Robertus Retenensis, cette traduction se termine en 1143 mais n'est publiée qu'en 1543, lorsque l'intérêt pour l'islam se développe par l'avancée des Turcs en Europe. Le délai avant publication s'explique par l'inexistence de l'imprimerie (dont les caractères mobiles ont été inventés par Gutenberg en 1450), mais aussi par le peu d'intérêt des clercs (lettrés), leurs travaux se cantonnant soit à l'apologie élogieuse soit aux ouvrages polémiques [8]/.
Outre ces premières traductions, on recense des traductions complètes ou non dans plus d'une centaine de langues, dont, par exemple, et pour citer les moins évidentes : le Breton, l'Esperanto, le Volapuk, l'Hébreu...
Latin